Transat Cyladel

LE DEPART

Dimanche 14 octobre

EquipageTout au long de la semaine les bulletins météos ont été décortiqués, car le mauvais temps s'annonce ; mais il est difficile de remettre le départ. Bon, si le temps est trop mauvais on se repliera sur Port St Louis ou La Grande Motte.
14 octobre 2012, le soleil est au rendez-vous, depuis le matin les marins s'affairent sur le pont de CYLADEL, ils revêtent leur tenue d'équipage, short bleu marine, tee shirt et casquette bordeaux, estampillées CYLADEL ; Le capitaine, fier de ses marins, les a bien équipé, puis ils amènent CYLADEL au quai d'honneur de la mairie de MARTIGUES;
A partir de 11 h, nos enfants, petits enfants et amis affluent sur le quai ; et là c'est embrassades et présentations, puis un pot est offert à tous. Photos dans tous les sens, visite de CYLADEL, qui enchante petits et grands et surprend aussi par sa grandeur et son aménagement. Beaucoup d'émotion.
Un vombrissement dans l'air, et voici que passent au-dessus de nos têtes quelques avions de la patrouille de France, trop fort notre capitaine !

Jean-Pierre décide d'avancer le départ. Bises et embrassades émouvantes, le coeur se serre, à 12 h 30 les amarres sont larguées.
Et là c'est le départ, grands saluts avec les bras, Au revoir clamés, Bises envoyées, ça serre vraiment. Sur le quai la famille de Jean-Pierre panneaute :

PAPY ON EST FIER DE TOI BON VOYAGE . Et on pleure sur le quai !
panneautageEnfants

CYLADEL file dans le canal, le quai s'éloigne. Au fort, à la sortie dans le golfe de Fos, surprise encore, quelques uns de nos enfants et amis sont vite venus nous lancer les derniers au-revoir.

Fort Nous voilà partis, soleil et mer belle, on sirote un petit rosé et on casse la croute avec des restes du pot.
Patrick et Gégé sortent la grand voile et le génois, vent de sud/sud-est pas très bon pour notre route. Pas fameuse la météo dans le golfe du LION, gros vent de sud puis fort mistral attendu dans la soirée. Nos deux voileux, Patrick et Gégé, prennent l'option plein sud pour éviter le fort coup de mistral, on devrait passer à la marge mais avec tout de même 25/30 noeuds de vent, Jean Pierre approuve. Ah ces jolis fichiers météos avec ses flèches et ses croches : des croches et du rouge c'est mauvais pour le marin.
La mer se creuse et au bout de quelques heures Christian prend le mal de mer et hop par dessus le bastingage, le repas de midi. Le bateau tape de l'avant dans les vagues, la cloche du bord sonne, témoin que le vent forcit.
Jean-Pierre à son tour donne à manger aux poissons. Patrick à son tour est pale et se déleste de son rosé et autre reliefs. Gégé résiste heureusement et reste au pilotage, mais voilà la nuit tombe, et Gégé a toujours ses lunettes de soleil et ça devient pénible mais il appréhende de descendre en cabine pour récupérer ses lunettes de vue. Il se décide, et lorsqu'il remonte il est plutôt vaseux, mais c'est bon il reprend bien.
Forte mer La nuit sera assez difficile ; nous traversons une zone d'orages, vu sur le radar c'est impressionnant, des paquets de mer tombent dans le cockpit, nous voilà mouillés, trempés, le bateau tape fortement de l'avant dans les vagues. le froid s'insinue et on s'équipe tant bien que mal. Les éclairs en pleine mer, autour de CYLADEL, illuminent la mer assez forte. Les malades se réfugient dans les cabines ou le carré.
Au loin, à l'arrière, vers la côte, on aperçoit les éclairs impressionnants.
Le quart est assuré par Patrick et Gégé, puis Gégé tout seul. Jean-Pierre, Patrick et Christian émergent quelques fois et montent dans le cockpit, mais évidemment il n'est pas question de manger, seul Gégé grignote. La mer nous chahute très fortement et comme le dit Patrick "c'est pas confort mais on avance". L'option d'attendre que le mauvais temps passe nous aurait coûté 3 jours.
Une vague arrache le feux avant bâbord du bastingage ; la baume tape fortement sur le cockpit, quelque chose a du lâcher, Patrick et Gégé l'arriment, non sans mal.
Plus tard la commande du pilote automatique rend l'âme, et on passe sur le secours qui nous lâche peu après, là, çà devient sérieux. Il faut prendre la barre à la main. Jean-Pierre rassure ses matelots surtout Christian : CYLADEL est un bon bateau solide et sûr. Patrick et Gégé confirment.
Le vent tourne au nord, ça secoue toujours mais le bateau tape beaucoup moins et c'est moins stressant.
Au lever du jour, la mer moutonne fortement, avec des creux de deux à trois mètres. Eau chaude et Nescafé pour Patrick et Gégé, pour déjeuner.
Durant la journée on sera très secoués aussi, CYLADEL file à 8 noeuds, sous génois seul, une belle allure.
Forte mer1 A midi, Patrick et Gégé essayent de manger un peu de charcuterie, accompagnée d'une bière, mais ça bouge vraiment fort et maintenant les paquets de mer arrivent par l'arrière, dans le cockpit, bref beaucoup, beaucoup d'humidité. Donc repli dans les cabines ou dans le carré pour s'allonger, dormir, écouter de la musique, sauf pour les vaillants qui doivent barrer à la main, en haut. A 17h, Minorque est en vue ! Nous allons faire escale à CIUTADELLA pour réparer les bobos. Entrée de nuit dans le port, Patrick connait bien les lieux, pour y être déjà venu. Amarrage à 20 h 30, les eaux du port sont calmes et ça fait du bien. Jean-Pierre, non sans fierté nous fait découvrir le luxe de CYLADEL, chauffage pour tous, carré, cabines, salles de bain. Une bonne douche chaude, et nous mettons un peu d'ordre dans le bateau.
Nous voilà prêts a affronter notre premier repas depuis bientôt maintenant 48 heures. Un petit Floc de Gascogne à l'apéro, puis Jean-Pierre nous cuisine des magrets de canards, avec des petits pois aux lardons comme accompagnement ; quelques bons canons de rosé et nous voilà bien réconfortés. Ensuite dodo.

CIUTADELLA

Mardi 16 octobre
Ciutadella Une bonne nuit réparatrice, les amarres ont bien grincé sur les bossages mais Gégé est intervenu en mettant du liquide vaisselle sur les cordages, efficace, mais pour le coup, durant la transat nous allons faire une consommation astronomique de ce liquide qui, en plus de servir à faire la vaisselle, sert à lubrifier les cordages, sert de savon pour se laver les mains (notamment après les bricolages en mécanique et dieu sait si il va y en avoir) et accessoirement à laver les verres des lunettes.
Après le petit déjeuner, un peu de rangement dans le bateau, car nous n'avons guère eu le temps de nous organiser individuellement. Et là Gégé et Christian qui occupent la cabine avant, découvrent l'étendue du désastre : de l'eau est rentrée dans les équipets et quelques vêtements sont bien humides. Il faudra attendre un ciel plus clément, bien des jours après, pour relaver tout ça à l'eau douce et bien le faire sécher. La recherche du problème d'étanchéité nous aura bien occupé pendant quelques temps puis il a été résolu par Jean Pierre lors de ses loisirs aux Antilles. De même que la présence d'eau dans les cales, on écope d'abord, on reflechit ensuite, sans succès, car tout au long de la traversée, nous devrons à plusieurs reprises, écoper. Là aussi, Jean Pierre trouvera la solution plus tard. Jean Pierre, Patrick, Gégé traitent les problèmes mécaniques :

  • Pilotes automatiques : pour l'un c'est un écrou qui a lâché, Patrick trouve sur le port un gars (alias MIGUEL), qui connaît quelqu'un qui soude et lui promet la réparation pour demain. Jean Pierre commande trois pièces, au cas où ! Pour l'autre pilote, on verra plus tard.
  • Le radar nous avait lâché en fin de nuit, Patrick se fait hisser avec la nacelle sur le mat et vérifie les connections , c'est OK ça marche.
  • La baume : un cordage qui la soutient avait lâché, c'est repris.
  • La baume bis : le chariot nous avait lâché, ce qui impliquait d'aller sur le pont pour sortir la grand voile, pas aisé surtout par gros temps.
Radar Balade dans CIUTADELLA, très belle petite ville, une bonne bière à la terrasse d'un bar. Christian est heureux de retrouver le plancher des vaches, même si à terre ça tangue toujours, curieuse, cette impression de voir le sol tanguer ! Pour souper, c'est Patrick qui s'y colle, au menu, aubergines en s.......ie (dixit Patrick) : prenez des aubergines, dans lesquelles vous faites des entailles en croix au couteau et dans lesquelles entailles vous insérez en force des gousses d'ail et des lardons. Vous passez au four, avec un nappage de gruyère râpé, c'est excellent quoique beaucoup aillé au gout de certains !!!.

Mercredi 17 octobre
La matinée est longue, on attend des nouvelles de MIGUEL, à 12 h 15, livraison d'une pièce, Patrick et Gégé s'attellent au montage, parfait ça colle , mais bon c'est pas trop mécanique. Le solde est livré à 14 h.

CorypheneCYLADEL appareille, la mer est belle mais un peu agitée, les voileux se mettent à l'ouvrage, génois, grand voile réglés aux petits oignons ; Gégé s'approprie le réglage de la voile d'artimon (Le deuxième mât de CYLADEL), durant un mois et demi il n'aura de cesse de bénéficier de quelques dixièmes de noeuds, qu'amènera le bon réglage de cette voile ! Ensuite la pêche : Gégé lance deux traines, et en fin d'après midi un moulinet de canne chante, Gégé saute sur la cane et remonte une bonite, Jean Pierre l'harponne et la monte à bord, Gégé L'anesthésie en versant du pastis dans les ouïes, ensuite il vide le poisson, Jean Pierre découpe les filets et les mets à macérer dans du jus de citron. Plus tard un autre emballement du moulinet et c'est une dorade coryphène qui est remontée.
On décide de dormir à l'abri dans le port de PORTE CHRISTO, sur l'ile de MAJORQUE, où nous arrivons à 21 h 30 ; l'accostage de nuit est un peu difficile, et noté de très original, voire sportif, selon Patrick et Gégé. Apéro gin coca, avec carpaccio de bonite. Jean Pierre nous prépare des filets de coryphène avec oignons et tomates, le tout en papillotes. Un délice évidemment, le tout arrosé de vin blanc et une bonne nuit ensuite. Anniversaire

BON ANNIVERSAIRE capitaine

Jeudi 18 octobre.
Le départ est prévu à 6 h 30 ; au petit déjeuner on fait tous la bise à Jean Pierre pour lui souhaiter un bon anniversaire (on taira l'age du capitaine !)
Notre cadeau surprise est un tee shirt imprimé sur lequel nous devons inscrire les longitude et latitude du point où nous lui souhaitons son anniversaire.
longitude : E 320 093
latitude : N 39 402 408
Un petit moment d'émotion
Cap vers IBIZZA.
En fin d'après midi, le moulinet de la canne chante. c'est du lourd ! Nous sommes à la voile et Patrick met CYLADEL face au vent pour ralentir le bateau. Gégé se bat, mais le poisson résiste bien ; c'est un gros poisson, il glisse sous le bateau, Gégé le remonte très difficilement, Jean Pierre le harponne.Repas Une fois dans le cockpit, anesthésie au pastis, vidage des viscères, du sang partout ! Patrick descend en cabine, c'est pas son trip !!!

IBIZZA
Après la recherche, en vain, d'une place dans la marina, accostage au luxueux club nautique de IBIZZA, le vent forcit et la manoeuvre n'est pas aisée. Jean Pierre nous invite au restaurant pour fêter son anniversaire. On se fait tout beau. Nous avions acheté un magnum de champagne pour arroser l'anniversaire, nous le présentons à Jean Pierre, encore un peu d'émotion, nous le boirons tranquillement à GIBRALTAR.
Dans IBIZZA, Jean Pierre repère un resto, il y a un peu d'attente, et nous allons siroter un Americano très apprécié par Gégé qui découvre cet apéritif. Repas de tapas accompagné d'un vin de la casa plutôt raide, une soirée bien sympa. Au retour sur le bateau Jean-Pierre découpe les filets du poisson que nous congelons.

Les côtes espagnoles

Ibizza Avant de partir, évidemment, Christian passe à la capitainerie pour les formalités : coût de la nuit 120 €, cher ! cher ! Pour les autres escales, ce sera plutôt entre 25 et 40 €. Les espagnols sont très procéduriers et les formalités vont durer plus d'une 1/2 h. Il en sera ainsi pour les escales espagnoles suivantes.
Mer agitée et mauvais temps, mais nous sommes bien amarinés maintenant, cap sur la cote continentale. On se met à l'abri, pour la nuit, dans le port de La CALPE. L'entrée au port n'est pas du tout aisée, le chenal est étroit, avec une énorme masse noire qui le surplombe, Jean Pierre à la barre et chacun d'entre nous, avec un projecteur, scrute les rives. Arrimage à 21 h 30. Effectivement, le lendemain, avec le jour, nous verrons la configuration assez délicate du chenal d'accés au port.

Samedi 20 octobre.
Mauvaise météo, mais il faut avancer, objectif CARTHAGENE. Devant nous, l'horizon est noir, nous naviguons dans une masse nuageuse, très dense, avec de très fortes pluies, c'est pas la joie ! La crainte, est de recevoir un coup de foudre sur les mats. Plus tard, Jean Pierre décide de trouver un port avant la nuit.La Calpe C'est fait vers 17 h, mais mauvaise pioche, déjà dans l'avant port, il n'y a plus de fond sous la quille de CYLADEL, donc demi-tour et vogue CYLADEL vers CARTHAGENE. Arrivée à 21 h 30. Arrivera-t-on un jour dans un port avant la nuit ? Christian va remplir les formalités à la capitainerie, toujours longues, mais au retour il trouvera l'apéro servi et le repas prêt !

Dimanche 21 octobre.
Assez tôt, nous voilà parti pour ALMERIA, une étape longue en prévision, mais le sort va en décider autrement. Nous sommes au moteur, vu le peu de vent (les conventions passées avec le capitaine sont de mettre le moteur lorsque la vitesse du bateau, à la voile, tombe en dessous de 5 noeuds) et c'est le cas aujourd'hui. A 11 h le moteur s'arrête et refuse tout nouveau démarrage. Jean Pierre descend dans la cale moteur, diagnostique un bouchage des alimentations de gazole, nettoie provisoirement filtres et tuyaux, et change de réservoir. Le moteur démarre. CarthageneMais vu l'état de la mer, (ça chahute fort) nous décidons de relier AGUILAS, petit port de pêche à proximité. Pas de capitainerie en vue, pas de port de plaisance, juste des quais, assez hauts, où nous nous amarrons. Là, à l'abri, c'est 3 h de travail, passées à démonter, déboucher, souffler les tuyauteries, et de supposer que tout le gazole est pollué avec les conséquences à venir : c'est à dire de vidanger et nettoyer les réservoirs, bref ce n'est pas la joie, à barboter durant tout ce temps dans le gazole. En fin d'après midi l'espoir revient ; l'encrassement, localisé, est résorbé, les cuves ne semblent pas trop polluées. Jean Pierre s'aperçoit alors que l'alternateur d'hélice est désemparé. Ceci est gênant, car sous voiles, cet alternateur permet de charger les batteries services. Il faut dire que l'instrumentation de CYLADEL est très gourmande en ampères, et on passe sur la consommation du congélateur et du réfrigérateur, remplis à bloc en ce début de Transat. Il faut attendre GIBRALTAR pour réparer.

Aguilas Après une bonne douche, une ballade sur les quais, déserts, c'est dimanche. Jean-Pierre et Patrick nous dégottent un bar sympa et là c'est un inoubliable Mojito (rhum, menthe fraiche, glace pilée) que nous dégustons. Autour de nous, que des belles filles ou belles femmes, quasiment aucune personne de sexe masculin. Nous en sommes surpris et ça délire en tout sens : c'est le bar à fouf.....es, dixit Patrick.
Sur les quais, un monsieur avec son étal vend des tomates, nous en prenons 3 kilos, souhaitant que cela soit des tomates du jardin et non des tomates élevées dans ces serres, immenses, que nous avons vu s'étaler sur les rives, tout au long de la côte. Retour au bateau : apéro Cuba libre (coca et rhum), une préparation de Patrick, repas, un digeo (verveine ou génépi), offert par le capitaine, pour finir. Gégé est fatigué ! les trois autres aussi ! Et nous allons tous au dodo ; Il nous fallait un peu décompresser après tout ces soucis.

Lundi 22 octobre.Dauphin
Départ à 9 h, mer plate, pas de vent, moteur en avant toute. Repas de midi sur le pont, super ! Gégé nous remonte une bonite. 17 h, stress de Jean-Pierre : aura-t-on assez de carburant pour rejoindre GIBRALTAR notre objectif ?
Pas question de sécher les réservoirs en pleine nuit ! On se détourne, sur la foi de Patrick qui nous dit qu'en Espagne l'activité commerciale dure jusqu'à 22 h, évidemment comprises, les stations de carburant des ports ! Destination ALMERIMAR. Entrée dans l'avant port à 19 h 58, Le poste carburant est à portée de vue et l'on voit les employés s'affairer à la fermeture des pompes, grands gestes , palabres : mais non on ne peut pas attendre demain matin 9 h ! Bref, avec la bonne compréhension des espagnols, nous voilà repartis avec 280 l de Gazole, non sans formalités très procédurières, encore, pour payer le carburant.
Nous assistons à un magnifique coucher de soleil, flamboyant ! Nous prenons les quarts pour la nuit, et pendant quelques temps, scintillants dans les vagues, les dauphins nous accompagnent.

UNE ACCALMIE DANS LA METEO ET UN PETIT POINT SUR L'ETAT DES TROUPES

Coucher de soleilAprès une semaine de navigation, le stress et les traumatismes du premier jour sont oubliés. Nous sommes bien amarinés, Christian en particulier. Chacun prend ses quartiers : Patrick s'installe dans la couchette de la coursive, Christian squatte le carré, dormant babord ou tribord en fonction de la gite, et Gégé dans la cabine avant. La bonne entente règne entre nous quatre, évidemment nos caractères respectifs sont là, mais à ce jour tout va bien. Patrick très compétent en navigation nous amène beaucoup d'assurance ; Gégé est très féru lui aussi dans ce domaine et avec eux deux CYLADEL marche au mieux et on ne perd pas un souffle de vent. Jean Pierre est très bien en pacha, il résout avec calme tous les petits problèmes techniques et maintient la sérénité sur le bateau. Pour la bouffe rien ne va !!! Evidemment, les prévisions de menus ont été chamboulées dés le premier jour compte tenu des conditions météos et, ensuite, c'est plutôt un consensus sur ce que on va manger. Donc la question, rituelle, est posée à chaque repas : que mange-t on ? Déjà aux premiers jours, une mutinerie :

Repas les conserves et surtout quelques unes ne sont pas du tout prisées, ni même acceptées : salsifis, foie de morue, brandade de morue vont rester au fond des coffres. Patrick nous fait des salades poubelles (une bonne vinaigrette, faite maison évidemment, avec de tout jeté dessus et on remue bien !) et Jean Pierre nous mitonne de bons petits plats. Christian a toujours la tête dans les coffres pour récupérer les ingrédients pour cuisiner. Gégé, réfractaire à tout ce qui touche à la cuisine, se spécialise dans la vaisselle. Il faut avouer que rien n'est facile en ce bas monde : un exemple, le petit déjeuner : Jean Pierre boit du thé, Gégé de la ricorée, Patrick du café et du lait, et Christian du café ; ajoutez à cela du jus d'orange pour certains, yaourts pour d'autres, pommes, pain et confitures au gré des uns et des autres, et chacun son couteau, s'il vous plait ! Il ne s'est pas passé un déjeuner où il ne manquât pas quelque chose sur la table. Les taches ménagères sont toutefois bien partagées.

Les repas sont un moment trés convivial !

Coucher de soleildLes premiers jours nous avons beaucoup discuté et échangé sur nos vies respectives, puis plus tard nous nous sommes isolés pour lire ou écouter de la musique (casque sur les oreilles). Autant dire que les livres ont défilé, Jean-Pierre ayant opté pour les livres audio, écoutés sur son ipad. Quand la mer est forte Patrick prend la barre à la main, pour soulager le pilote automatique dit-il. La vie à bord s'organise, le temps passe ainsi. Gégé et Christian sont des lève-tôt. Salle de bain tous les matins (eh oui l'eau est à profusion avec les réserves et le déssalinisateur) petit déjeuner convivial, repas de midi en fonction de l'état de la mer, sieste pour certains, le thé de 17 h (bière pour tous). Jean-Pierre essaye de mettre la musique du bord, mais le répertoire de Cloclo, en boucle, n'est pas apprécié par tous ! La musique de Christian, à base d'occitanie ou de musique classique, ne l'est pas plus. Chacun s'enferme donc sous son casque. Patrick lui va découvrir cette musique, plus tard, dans l'atlantique, et l'apprécier apparemment, car on va le voir fréquemment, le casque vissé aux oreilles, même dans des moments où visiblement il ne devait pas entendre grand chose. Les nuits en mer, nous prenons chacun un quart de 2 heures.Fichier Grib

Symptomatique de notre mode de vie, dès nos arrivées dans les ports nous nous sommes jetés sur nos PC pour utiliser internet et là, désillusion, beaucoup de difficultés pour surfer : lenteur, nombreuses coupures, voire signal inexistant car CYLADEL est amarré trop loin de l'antenne wifi du port.
Le routage
Les fichiers grib ! Que de temps passé à analyser ces cartes avec la direction et la force des vents, reporter la position de CYLADEL sur ces cartes, et décider d'avancer même si ça passe juste !!! Ces fichiers sont récupérés via la BLU. Patrick les triture et en propose une synthése, Gégé commente, Jean Pierre valide, Christian suit, forcément, car toute décision est réputée être collégiale !!!
En complément, Guy LE DALLIC, ancien propriétaire de CYLADEL et copain de Jean Pierre, ayant accès à plus d'informations depuis la terre, nous envoie des mails proposant des options de routage, ou par téléphone, infirme ou confirme nos choix.

GIBRALTAR

Gibraltar Mardi 23 octobre.
La mer est calme. A 7h du matin, Gégé est de quart, un bip retentit, Christian et Patrick l'entendent mais ne bougent pas, pensant qu'il s'agit d'une alarme banale : niveau haut eau de puisard ? Pilote qui décroche ? Bref quelque chose à gérer par le gars de quart. Quelques minutes plus tard, Christian rejoint Gégé qu'il trouve assez remonté et qui lui dit que cela fait un bon quart d'heure que le bip d'homme à la mer a fonctionné, et qu'à cette heure, il pourrait être à plusieurs miles du bateau, baignant dans la méditerranée. En fait, Gégé est allé à l'avant du bateau et l'alarme s'est à juste titre bien déclenchée. Il s'avère, d'une part, que cette alarme n'est pas assez différenciée des alarmes techniques de CYLADEL, et d'autre part, que, cueillis à froid les premiers jours par les intempéries, nous avons quelque peu zappés les briefings sur les équipements du bord. Nous serons plus vigilants à l'avenir.

RocherGIBRALTAR est en vue, un fort courant inverse ralentit notre allure, phénomène dû à la marée, l'inversion de flux dans le détroit varie selon les marées, sa vitesse est de l'ordre de 2 à 3 noeuds. Au loin le rocher de GIBRALTAR et, dans le golfe, à l'est du rocher, d'innombrables cargos sont à l'ancre. dans le golfe ouest, nous louvoyons entre les gros cargos pour atteindre le port de plaisance de MARINA BAY, complexe appelé OCEAN VILLAGE ; Carburant, capitainerie (et en anglais SVP)
Sur le port beaucoup de voiliers anglais arborent le fanion de l'ARC. Cette course croisière, d'organisation anglo saxonne envoie, depuis les CANARIES, fin novembre quelques 250 voiliers vers les ANTILLES.
Balade en ville, on remonte Main Street, avec ses innombrables boutiques en free taxe : alcools, bijoux, tabacs, appareils photos, parfums etc. Ce soir à l'apéro Patrick nous prépare une Margarita (à base de Cointreau) avec le bord du verre enduit de cristaux de sel !

LE ROCHER

Gibraltar Mercredi 24 octobre.
Ce matin, c'est décidé, on monte au rocher. Nous voilà partis, via le téléphérique, au sommet du rocher. 426 m de haut. La vue sur le détroit est très belle quoique assez embrumée ce matin, l'Espagne est toute proche. Depuis les terrasses du sommet, la vue à 360° est superbe. Quelques singes, en équilibres sur les rambardes ne semblent pas du tout perturbés par tous ces touristes qui les mitraillent avec leur appareils photos. Nous amorçons la descente en traversant la réserve naturelle où les singes, appelés macaques berbères, seul primate sauvage en Europe, vivent en liberté, ils sautent sur les taxis qui promènent les visiteurs et font leurs simagrées devant les touristes. Nous continuons à descendre pour aller visiter la grotte SAINT MICHAELS, avec son auditorium composé de gradins taillés dans la roche et ses belles concrétions rappelant celles de la Grotte des Demoiselles (cette grotte se situe dans l'Hérault, à proximité du lieu où habite Christian). Nous finirons la descente à pied car nous n'avons pas trouvé la station mild qui nous aurait ramené en ville. Rocher
De nombreux tunnels ont été creusés dans le rocher servant, pendant les guerres, à protéger les défenseurs du rocher et surveiller le détroit. Ils sont actuellement d'accès privés. Retour par Main street, grande artère de la ville, avec ses commerces pour touristes et ses prix free taxe pour les appareils photos, les bijoux, les alcools, les tabacs et les parfums.
GIBRALTAR est une possession anglaise depuis 1704, compte 27864 habitants, d'une superficie de 5,8 km2. Sa frontière avec l'Espagne est longue de 1200 m.
Le soir on débouche le magnum de champagne de l'anniversaire de Jean-Pierre, on sirote, puis Jean Pierre nous mitonne un bon rôti de veau aux champignons.
Demain on part avec pour objectif de rallier les CANARIES sans escales ! 6 à 8 jours de mer sans escales, un test pour la traversée à venir ! Depuis le début du projet, Jean Pierre avait, avec l'accord de tous évidemment, décidé de ne pas faire étape au MAROC. Gégé nous dit être né au MAROC.