Transat Cyladel

cap sud/sud ouest

Samedi 10 novembre.
coucher de soleilNous voilà en pleine mer. Bon vent et mer bien formée. Nous étions redevenus terriens depuis quelques jours, et nous voilà redevenus marins et donc sujets au mal de mer. Christian en premier, rend les armes, suivi de Jean Pierre, Patrick, lui, résiste, mais c'est quand tombe la nuit qu'il succombe. Patrick après une auto-analyse, jusqu'à présent il n'avait jamais été malade en bateau dixit, découvre que c'est la perte de repères tel la ligne d'horizon, lorsque la nuit tombe, qui lui crée ce malaises. Seul Gégé résiste et avec bon appétit, il faut dire qu'il subit les restrictions alimentaires du fait que l'océan nous chahute fort, ses trois compères ne sont pas vaillants, et il est donc difficile de faire à manger. Donc Gégé et Patrick jouent de l'ouvre boite, Jean Pierre touche du bout des lèvres, Christian affine sa ligne et nourrit les poissons. Pour lui ça va durer deux jours, avec le renfort de mer calme.




Dimanche 11 novembre
Genois et boomer Nous avons pris notre rythme de quart, tel que défini, une veille de 2 h 1/4 et 6 h 45 de libre. Nous naviguons à la voile évidemment, et pour Christian ce n'est pas simple, car il n'a que quelques notions rudimentaires de navigation à la voile. Et naturellement, lors d'une de ses veilles, de nuit, droit devant, un écho radar. Les trois autres marins dorment en bas. Faut-il réveiller quelqu'un ? faut-il passer devant, derrière le bateau ? Quelques manoeuvres du génois pour ralentir, puis accélérer, afin de passer devant. C'est un très gros bateau de pêche avec une immense batterie de lamparos qu'il met en clignotement quand CYLADEL passe à son avant.
Dans la journée nos voileux font des essais. Ils envoient un booster en papillon avec le génois, pour une allure avec vent arrière.
Sur l'AIS, trois autres voiliers voguent de conserve avec nous durant plusieurs heures, nous garderons le contact visuel avec l'un d'entre eux durant deux jours, le voilier In the Wind. Arrivés aux Antilles, nous retrouverons son signal AIS plus au nord, sur l'ile d'ANTIGUA. Nous ne sommes donc pas seuls a nous lancer dans la traversée à cette période, dite un peu précoce, pour bénéficier à fond des alizés. Notre allure est bonne 7 à 8 noeuds environ, mais l'océan n'est pas facile, ça bouge beaucoup.

Lundi 12 novembre
L'exercice d'aujourd'hui est : mise en place du tangon. C'est tout un art de marin, que de mettre en place un tangon, et de régler le booster dessus. Pas facile à gérer tout de même, il faut que le vent arrière soit bien établi et sans sautes d'humeur. Par prudence, il est décidé de rentrer le booster pour la nuit. Une manoeuvre délicate, il faut lâcher la voile et l'affaler au plus vite. Patrick et Gégé sont sur le pont à l'avant, bons pieds marins, parés à la manoeuvre, sur signal de Patrick, Christian lâche l'écoute qui part à la mer, le booster est affalé et rentré, Jean Pierre récupère l'écoute, elle résiste, et c'est l'angoisse, l'écoute est prise dans l'hélice qui tourne, sous voiles, en production de courant. Coucher de soleilPlusieurs manoeuvres et essais confirment le problème. Sérieux problème, le bout est bien pris quelques part sous la coque. La fin du jour est là, il faudrait plonger sous le bateau, pas raisonnable, nous aviserons demain. En conséquence la production de courant par l'hélice n'étant plus possible, Jean Pierre démarre le groupe électrogène et constate au bout de quelques secondes que celui-ci ne débite pas. Là, ça devient sérieux, sérieux, car on ne peut démarrer le moteur principal l'hélice étant bloquée. L'autonomie des batteries services est de 12 h. environ. Anxiété !
Les premières investigations de Jean Pierre dans le compartiment moteur sont sans succès, et là c'est du sérieux car jusqu'à présent il s'est toujours bien sorti des différents problèmes. Gégé, bien aguerri lui aussi aux problèmes de pannes en mer, se penche sur le problème. Pas évident, il semble que le disjoncteur de départ ne tient pas enclenché. Gégé porte ses investigations sur le câble de sortie de production de courant, et là il constate les dégâts, connexions fondues dans une boite de jonction, inutile en elle même, sauf à être source, comme aujourd'hui, de panne. Il coupe et il remplace un bout de câble. Essais, OK ça fonctionne, ouf ! Gros soulagement. Surement un vieux problème, probablement aggravé lorsque l'eau avait envahi la cale voici quelques jours.
La rançon du confort, confort technique avec les appareils de navigation et confort ménager avec frigo, congélateur et éclairage prolifique, est une forte consommation d'ampères.Vague CYLADEL est bien équipé pour répondre à ça : alternateur d'hélice, moteur principal, groupe électrogène, mais c'est sans compter sur la loi de Murphy dite loi de l'emmerdement maximum.

Mardi 13 novembre
Le temps est au beau, la mer est un peu formée, ça bouge un peu. Il faut aller voir sous le bateau ce qui coince le bout d'écoute. CYLADEL est stoppé, on met l'échelle de coupée, Jean Pierre met son masque et descend, aller sous le bateau serait dangereux avec la houle, il se met à l'eau, toujours cramponné à l'échelle. Il constate que le bout est accroché au frein d'écrous de l'hélice. Délicat ! Après de longues minutes de manipulations sur l'axe d'hélice et de tirage de l'écoute, le bout est récupéré. L'hélice est libre, Le moteur est démarré, tout est OK. Ouf !!! on évacue le stress encore une fois. A midi, le temps est au beau et on s'offre un bonne mauresque à l'apéritif. Jusqu'à présent le type d'apéritif de midi que l'on s'autorisait était l'apéritif du maçon, c'est à dire le verre de rosé, une expression de Patrick. Christian, lui préférait le petit blanc sec ! Sous ces latitudes plus chaudes nous tournons apéritif de soif ! Mais toujours avec modération comme l'impose la loi !
Coucher de soleilL'après-midi, les manoeuvres reprennent, génois tangonné à tribord et booster tangonné à bâbord. Manoeuvres très délicates, Patrick et Gégé sur le pont à l'avant, des bouts et écoutes tendues de tous bords. Mais une bonne allure par vent arrière. La nuit le vent mollit et les voiles tapent un peu.

Mercredi 14 novembre
Une allure de 5 à 8 noeuds suivant les risées. Nous envoyons quelques mails via la BLU, et pour parler à nos épouses ou compagnes nous utilisons l'IRIDIUM de Jean Pierre et compte tenu du coût élevé de la communication, nous mettons en place un relevé journalier de consommation de chacun d'entre nous. En fin de traversée, nous règlerons chacun notre propre dette à Jean Pierre.
La nuit tombée, le vent cale et les voiles tapent, Jean Pierre roule les voiles et démarre le moteur, on dort beaucoup mieux !

Coucher de soleilJeudi 15 novembre
Nous voilà en mer depuis 6 jours, naviguant au ouest/sud ouest pour chercher les alizés. 800 miles environ de parcourus, entre 150 et 110 miles par 24 h. Patrick tient le livre de bord et note la distance parcourue par tranche de 24 h. Il reporte cette trace sur une carte marine. Ce sera un rituel de tous les jours à 12 h UTC. Et nous voilà dans les calculs : 2000 miles à faire et, sur des allures de 5 noeuds ou 8 noeuds, il nous reste entre 12 et 20 jours de navigation !
Christian gère les repas et notamment le pain, baguettes précuites de 150g qui se conservent plus d'un mois et qu'il suffit de passer au four une dizaine de minutes peu avant le repas, d'ici peu, nous aurons épuisé les produits frais, alors c'est l'ouvre boite qui va sévir.
La navigation est relativement confortable. Donc apéro à midi et vrai repas du soir dans le carré.
Dans l'après-midi, nous pêchons une coryphène. Des dauphins nous accompagnent durant quelques minutes, puis nous apercevons des multitudes de poissons volants qui rasent les vagues avant de replonger. Quelques uns atterrissent sur le pont de CYLADEL, ou même dans le cockpit et quand nous les voyons nous les rejetons à la mer.Coryphene

Vendredi 16 novembre
Temps gris et pluie, on aperçoit ou plutôt on devine une baleine à bâbord, un geyser au dessus des vagues, et une grosse masse noire dont la queue retombe dans l'eau. On se replie dans le carré, laissant le gars de quart tout seul. Le vent forcit. Lecture, musique, ,discussions, repos.

Samedi 17 novembre
Il pleut très fortement. Pour assurer le quart, il faut s'équiper avec le ciré. Le vent forcit et monte à 35/40 noeuds, pluie diluvienne qui vient de l'arrière, CYLADEL part au surf parfois 10 à 12 noeuds avec un bruit particulier quand il est dans ces vitesses. En haut dans le cockpit c'est dantesque, la descente vers le carré est fermée pour éviter que l'eau n'envahisse ce dernier. Harnais enfilé, longe attachée, on se sent un peu seul en haut, face à ces éléments déchainés. En bas, chacun a regagné sa couche, pas de repas ce soir. Assez dur ! mais bon on avance bien.

Dimanche 18 novembre
poisson volant Toujours le même temps. Le moral est en berne. Difficiles conditions pour dormir et manger. On fatigue un peu. En début de soirée le vent change, le réglage du bateau est difficile car on veut garder le cap. Très mauvaise nuit avec les voiles qui déventent et les écoutes qui tapent sur le pont. Et toujours les poissons volants qui atterrissent sur le pont.

Lundi 19 novembre
La météo s'est nettement améliorée, mais le vent faiblit, CYLADEL se traine à 3 à 4 noeuds, intenable. Jean Pierre envoie le moteur, et nous avançons à 6 noeuds. Comme tous les matins, Jean Pierre demande les fichiers météo par l'intermédiaire de la BLU ; les résultats sont analysés et Jean Pierre décide de descendre plein sud où les alizés nous attendent ! Allons donc les chercher, mais évidemment ce n'est pas notre bonne direction car notre objectif est cap à l'ouest. Bref au milieu de l'atlantique, sans vent, et déjà onze jours de mer. Il nous reste environ 1300 miles nautiques à faire. Notre fourchette de distance parcourue en 24 h est comprise, à ce jour, entre 126 ET 177 miles. A cette allure, encore 8 à 10 jours de navigation. Nous ne sommes pas encore parvenus à accrocher ces fameux alizés qui, boosters en papillon, devaient nous amener, vers les Antilles, two fingers in the nose comme nous le répète Jean Pierre depuis le départ.
Nous rencontrons quelques grains, qui boostent la vitesse de CYLADEL, puis soleil et mer plate. Le coucher de soleil est magnifique ! Ce soir un Campari à l'apéro et un repas chaud, confortablement installés dans le carré.
Cela fait des jours que nous n'avons vu aucun autre navire, en visuel ni sur l'AIS ; Immensité de l'océan, on se sent bien seul, et il ne faut pas trop gamberger !

Mardi 20 novembre
Bain au milieu de l'océan Un autre belle journée, pas de vent, et un beau soleil, l'océan est bleu et nous tente. Nous sommes quasiment au milieu de l'atlantique, c'est le bon moment pour le bain dans l'océan. Seuls Patrick et Christian sont décidés à y aller. L'échelle de bord est mise en place, le bateau est stoppé. Allez on y va !

  • 11h20 heure locale, 13h20 UTC.
  • latitude : 18° 01' 23 nord.
  • longitude : 39° 43' 100 ouest.
  • température eau 29° C, température air 32,5° C.
  • profondeur : 4900 m, impressionnant voire stressant.
Trois ronds dans l'eau, Eh ! ho ! Jean Pierre, ne t'en va pas !!! et on remonte vite.
Jean Pierre est toujours optimiste, les alizés sont au 15eme parallèle, et là, 20 noeuds de vent et CYLADEL à 10 noeuds, Bonjour les Antilles ! Mais bon encore trois jours pour arriver a hauteur des alizés. Bref on y croit et chacun scrute l'horizon pour apercevoir le fameux panneau Ici alysés

Changement d'heure.
Nous avions décidé de faire un changement d'heure progressif, à partir du méridien O° vers l'ouest, soit tous les 15° de longitude ouest. Aujourd'hui nous franchissons les 30° de longitude ouest. Le changement d'heure se fait à midi, le gars en veille fait donc une heure de plus à la barre. Un tour de rôle est établi pour que chacun ait son heure en plus.

Mercredi 21 novembre
Hissage voiles Une belle journée, et enfin un petit vent arrière de 10 noeuds. Le staff décide de jouer grand jeu : tomber le génois et mettre les deux boosters tangonnés en papillon. La manoeuvre est assez sportive : Le génois est tombé, plié et rangé sur le pont avant ; les boosters sont montés l'un après l'autre. Il fait chaud, la manoeuvre a duré 3/4 d'heure. Un bonne bière nous désaltère. Il est midi, et sous ces latitudes et avec les bonnes conditions de navigation, nous nous autorisons une bonne mauresque du pastis et de l'orgeat comme tout le monde sait.
Vers 16 h, petit stress ! Jean Pierre veut produire un peu d'eau douce avec le dessalinisateur et pour cela il faut démarrer le groupe électrogène, mais celui-ci refuse. Et c'est reparti pour le démontage et nettoyage des circuits de gazole, une routine, maintenant ! Ca repart ensuite. Etant dans le compartiment moteur, Jean Pierre déconnecte l'alternateur d'hélice, réparé aux CANARIES, mais qui depuis quelques temps faisait un bruit anormal, et ne produisait plus grand chose.
Sur la fin d'après-midi, Gégé et Jean Pierre nous ramènent une dorade coryphène qui va faire notre repas du soir.Hissage

Jeudi 22 novembre
Au petit matin, une escouade de dauphins jouent avec CYLADEL, croisant et recroisant devant l'étrave.
Mêmes conditions de vent qu'hier, l'allure du bateau est de 5 à 6 noeuds, c'est un peu languissant, et on compte les jours nous séparant de l'arrivée. Positivons ! la navigation est par contre confortable. Christian fait un point sur la cambuse : certains produits vont manquer, yaourts, jus d'orange, fruits, légumes frais, biscuits pour petit déjeuner, rien de vital ou d'essentiel. Le budget est lui aussi épluché, le point à ce jour et le prévisionnel.
16 h, une amorce sur un moulinet, Gégé et Jean Pierre repartent au combat, cette fois c'est un espadon de 50 à 60 cm de long qui est ramené non sans mal. A chaque pêche, depuis notre départ, ces moments forts sont filmés à l'aide de la caméra de Jean Pierre. Christian fut le premier caméraman, mais vu les piètres résultats, son agrément lui fut retiré et c'est Patrick qui parvint à graver pour toujours ces hauts faits ! Le rituel commence : anesthésie au gin, vidage des viscères, découpe des filets et conditionnement pour le congélateur ; Patrick lui, s'éclipse !
A l'apéro, pour regonfler le moral des troupes, on fait un apéro au vin rouge, une bouteille de vin de bordeaux, Saint Julien 2002, que Patrick devait ouvrir après avoir passé GIBRALTAR.

Liaisons avec la terre

Poste de pilotage

Nous avons L'IRIDIUM, comme dit précédemment, qui est un téléphone satellite, mais à l'utilisation onéreuse. Ensuite nous avons la BLU, et via cette technologie Jean Pierre a adhéré à l'association SailMail. C'est une association à but non lucratif de propriétaires de bateaux, qui exploite et entretient un système de messagerie de communication pour utilisation par ses membres. CYLADEL possède donc une adresse email : FGWK@sailmail.com. Nous pouvons donc recevoir et envoyer, des mails, gratuitement et c'est par ce moyen que Jean Pierre récupère les fichiers météo. Une contrainte demeure toutefois, la totalité du temps d'utilisation ne doit pas excéder 90 mn par semaine. En fait les utilisateurs doivent s'auto-contrôler et si les quotas sont trop largement dépassés, il y réduction du débit, voire blocage. Nous recevons des messages nous avertissant des dépassements et donc des risques de blocage. A nous de gérer et de nous discipliner ! C'est par ce moyen que nous envoyons ce que l'on peut qualifier de mails officiels à savoir les nouvelles de CYLADEL et ses marins, envoyées aux écoles et à tous nos amis, parents et autres heureux destinataires. Cette activité nous aura bien occupé durant ce mois et demi de navigation : le contenu de ces mails regroupait des informations sur la vie de CYLADEL d'une part, et d'autre part, des informations plus générales, historiques, géographiques sur les lieux ou le contexte présents.

Vendredi 23 novembre
Espadon Vers les trois heures du matin nous sommes passés en dessous des 1000 miles restant à parcourir. D'où dans la journée les extrapolations plus ou moins fantaisistes quant à la date d'arrivée selon les vents portants ; Pour Jean Pierre, qui croit aux alizés, une allure de 7 à 8 noeuds est attendue. Avec Patrick on prend les fichiers météos dans tous les sens mais on ne voit pas ces fameux alizés, qui vont nous déposer rapidement au MARIN en MARTINIQUE

C'est un peu long !

13 jours de mer ! Une activité réduite à la lecture et la musique, après les taches du bord, mais CYLADEL étant sous voiles en vent arrière depuis quelques jours, pas de manoeuvres. Mais même les livres viennent à manquer, Gégé est branché lectures maritimes, Patrick et Christian sont plus éclectiques, mais pas n'importe quoi tout de même, et Jean Pierre a tous ses livres audio sur son ipad. Même la cuisine n'occupe plus le temps car nous manquons de produits frais, et on joue de l'ouvre boite, avec tout de même quelques fois une viande ou du poisson congelés.

Passager Le rituel des quarts fonctionne bien, En fin de son quart, la nuit, Christian descend et tapote l'épaule de Patrick, chuchotant Patrick, c'est l'heure ! Ebrouements de Patrick, lever, habillage, bref passage de consigne, le bracelet d'homme à la mer change de main, Patrick boit du jus de fruit, et monte au cockpit, Christian se couche. et ainsi de suite, avec Patrick qui réveille Jean Pierre et ce dernier réveille Gégé.
De fait des quarts, d'une part, et des conditions de mer, parfois, d'autre part, notre sommeil est très haché. Nous dormons par relativement courtes mais fréquentes périodes. Avec l'assistance de boules Quies quand ça tape vraiment. La sieste est toutefois pour certains une institution !
Et parfois, de beaux moments, ces couchers de soleil sur l'horizon, jamais les mêmes, flamboyants ; ces lueurs rouges, orangées, teintées par les nuages nous offrent des spectacles fantastiques. Puis les nuits étoilées nous font réver. le ciel, sous ces latitudes, n'est pas le même que chez nous ; et nous voilà à la recherche de l'étoile polaire, de l'étoile du berger, et là Jean Pierre nous sort son arme magique : une application sur ipad qui reproduit la cartographie du ciel en pointant cet ipad vers le ciel, ce qui nous aide à la recherche des étoiles (avec un minimum de connaissance en anglais, langue de cette application) Et cette lune, bien ronde, que pour nous !
Un peu de piment pour Christian avec l'épisode du WC de l'avant bouché. Jean Pierre applique la loi d'airain : celui qui bouche, débouche. Démontage de la pompe et des tuyaux, débouchage, remontage . En fait le problème est plus sérieux et, arrivé au MARIN, il faudra remplacer le tuyau entièrement, celui-ci étant complètement entartré. L'épisode à donné sujet a moultes conversations sur le sujet.

Les alizés !

ThazardSamedi 24 novembre
Un vent d'est de 20 noeuds, les alizés sont là, avec une forte houle ! CYLADEL fonce à 8/9 noeuds, parfois des pointes à 10 noeuds avec ses vibrations caractéristiques quand il part au surf. Pour les repas c'est plus sportif !
Nous pêchons deux poissons coup sur coup, et là, méprise. Une mauvaise lecture du guide et nous pensons avoir péché des Capitaines poissons réputés toxiques ! Avoir surmonté toutes nos péripéties et risquer un problème alimentaire en fin de parcours nous fait rejeter à la mer ces deux prises. A une relecture ultérieure du guide nous découvrons notre erreur, les poissons péchés étaient des Thazards . Là, il y a débat quant à la toxicité ! Mais aujourd'hui c'est jour de fête et nous ramenons à bord un espadon de 9 kilos, de quoi bien remplir le congélateur.
le moral revient, le solde des miles à parcourir fond assez rapidement compte tenu de notre belle allure au portant, nous abattons 180 miles par jour, à cette allure on touche terre mercredi ou jeudi prochain !

Dimanche 25 novembre
C'est confirmé ! Les alizés sont là ! Jean Pierre, comme promis, nous offre le champagne. Nous faisons un repas de dimanche. Ca sent bon la terre proche, mais il faut encore patienter un peu.

Lundi 26 novembre
arrière 18 eme jour de mer. Difficile à imaginer que l'on puisse vivre ainsi, à quatre personnes, dans un espace restreint, isolés, sans contact avec le monde qui nous entoure et que savons perpétuellement agité. Nous sommes hors du temps, seuls quelques contacts avec nos proches, compte tenu du fait de la cherté ou de la rareté des communications, car nous avons été ponctuellement sanctionnés par Sailmail (blocage temporaire du service), pour avoir un tantinet abusé. En fait nous suivions, via les mails, les positions des participants au Vendée Globe, course autour du monde, dont le départ a été donné le 10 novembre des Sables d'Olonne, et nous avions un secret espoir d'en voir passer un a proximité, nos routes se croisant. Espoir déçu, mais quelles suprenantes allures de ces bateaux, car Gégé, très au fait de cela, positionnait sur la carte les positions des premiers. 170 miles/jour pour nous, 500 pour eux !
Nous sommes à quelques centaines de miles des Antilles et nous sommes surpris du peu d'activité dans ces eaux, aucun bateau de pêche, aucun autre voilier, aucun bateau, rien !
Episode bis de WC bouchés à l'avant, on va tenir comme ça et nous irons tous dans les sanitaires du capitaine !
Quelques heures encore à vivre hors du monde, sans téléphone, ni internet, ni journaux. Pourtant nous en avons envie, mais en même temps on se trouve très bien sans ces agressions du monde moderne. Peut-on ainsi comprendre que certains marins puissent décrocher et s'exiler dans des iles lointaines ?
Le dernier jour, Christian reçoit un mail d'un de ses copains, et là rude contact avec la réalité, le copain lui cite succinctement les faits politiques de ce dernier mois, et apparemment ce fut assez nourri comme actualité ! Eh oui ! il va falloir intégrer tout cela une fois à terre.

terre !

Boosters CYLADEL file bon train, avec ses grandes ailes déployées, évidemment ce n'est pas très confort, car la houle est forte, mais les miles s'égrènent, au fil des heures maintenant.
Pour le cap, le capitaine vise la pointe de la MARTINIQUE afin de remonter ensuite dans l'anse du MARIN. On s'aperçoit que l'on est un peu bas et nous allons plutôt sur SAINTE LUCIE, ile voisine, à 40 km au sud de la MARTINIQUE. Et à ce moment, un choix doit être fait : doit-on rester sur vent arrière ou plutôt, remettre CYLADEL en configuration standard à savoir grand voile et génois, ce qui le rendrait plus facile à manoeuvrer au cap. Fatigue, décompression, discussions, avis contraires, décision ! On reste comme ça. Et là, on souffre pour notre dernière nuit, car à vouloir garder le cap, les boosters déventent et ça tape sans arrêt avec un bruit infernal.
Au petit matin, bien à tribord, on voit les côtes de la pointe de la MARTINIQUE, et droit devant, les lumières et la masse de l'ile de SAINTE LUCIE. Une décision s'impose ; On réveille Jean Pierre, les boosters sont abattus et le moteur est démarré, pas le coeur à tirer des bords pour arriver au MARIN.
Le rocher du DIAMANT à l'horizon ! Grande joie intérieure. Nos yeux se délectent de ces paysages de verdure qui défilent, à tribord, l'anse de Ste Anne, de la couleur, de l'animation, la forêt de mats au loin, dans le port du MARIN. Immense bonheur que l'on savoure, on l'a fait !!! Chacun se jette sur son téléphone portable et appelle ses proches, les mots se bousculent, les émotions aussi, que de la joie !

le repos des marins

Ca tangue

Mercredi 28 novembre
Arrivée au MARIN en fin de matinée, L'accès au port n'est pas très aisé, eu égard aux bancs de sable dans cette anse, mais Jean Pierre connait et il suffit de respecter les bouées vertes et rouges, quoique parfois pas évidentes à repérer. Passage au ravitaillement gazole, pour solder ces jours-ci les comptes de la transat. Attente à l'ancre dans l'avant port, qu'une place se libère, ronds dans l'eau en attendant que le placier vienne avec son canot nous prendre en charge. Amarrage au ponton. Et voilà la terre ferme ! Enfin pas trop car le ponton bouge mais ça c'est peut-être normal, mais même la capitainerie, bien sur le dur, bouge. Bref ça tangue fort, même à terre, pour CHRISTIAN. Formalités du port, déclaration à l'immigration. Ensuite on s'occupe de nous et de CYLADEL. Apéritif, repas, sieste pour certains. Et Internet ! comme ça nous manquait ! Même Patrick, le plus désintéressé sur le sujet, se jette sur ses mails, quand on veut bien lui prêter notre PC !!! L'accès internet est payant, via un paiement par site PAYPAL et obtention de mot de passe, une petite galère de plus pour obtenir le mot de passe, et accéder au web ! Soleil

Quelques courses, constitution de stock de rhum, sirop de canne et jus de fruits pour nos prochains apéros locaux : ti punch, et planteur dont nous allons user voire .....plus. le soir repas au resto ! On savoure !

Jeudi 29 novembre
On s'occupe de CYLADEL : nettoyage en grand, extérieur et intérieur, de fond en comble, Patrick et Gerard en bas et Jean Pierre et Christian sur le pont. Puis c'est la visite au shipchandler pour soigner les bobos et casses de CYLADEL. Bref une activité assez intense en journée, et grosse détente le soir avec apéro planteur, un repas poisson à la plancha, installée sur le pont, et ti punch pour faire digérer. Ballade nocturne pour certains, Patrick lui s'installe sur le Le mammie culbutor, c'est la plage arrière de CYLADEL, quelques m2 de surface équipés de coussins, pour écouter sa musique nouvellement préférée, découverte sur l'ipod de Christian.


tourisme

les marins

La relève de l'équipage se fait mardi prochain, Patrick s'en va, les épouses de Jean Pierre et Christian arrivent et nous partons, faire une croisière vers les grenadines, Gégé est avec nous . Donc un peu de tourisme en attendant :

  • La côte au vent, Le VAUCLIN, et sa piscine naturelle faite par la barrière de corail ; un bon resto, et la plage des Salines, de carte postale, en fin d'après-midi
  • les Trois ilets, le bac, le marché de Fort de France, et ses couleurs, retour par l'anse d'ARLET, et un bon resto la aussi, On finit sur la plage face au Diamant, avec un bain dans une houle qui nous tire au large si on n'est pas vigilant ! En bon responsable, Jean Pierre surveille Christian qui se débat dans les rouleaux ! Eh ! J'ai besoin de toi pour le retour.
  • La montagne Pelée, via la route de La Trace, un super resto à recommander, La Chaudière, à MORNE ROUGE, un régal.
  • Lundi on souffle. Christian fait l'inventaire des provisions restant dans les coffres, boucle le bilan financier et arrête les comptes de la transat aller.
  • Mardi, Patrick s'envole pour la métropole.

bilan technique

  • 45 jours de voyage, dont une dizaine en escales.
  • 19 jours de navigation non stop, pour traverser l'atlantique.
  • 750 milles nautiques de Martigues à Gibraltar, 600 milles de Gibraltar à Lanzarotte, 2800 milles de traversée de l'océan.
  • Notre moyenne sur la traversée de l'océan atlantique : 6 noeuds.

bilan financier

Le tableau ci après résume l'engagement financier pour ce projet. Nous avons fonctionné sur le principe de la caisse de bord.
La somme totale ramenée à une dépense journalière, pour la période du 14 octobre au 4 décembre, donne donc par personne et par jour : 30 €

Postes Dépenses
Approvisionnement avant le départ 2076 €
Carburant 1725 €
Taxes et ports 900 €
Restaurants et bars 730 €
Produits frais 315 €
Tourisme 520 €
TOTAL 6266 €