Transat Cyladel

direction les canaries

Adieu GIBRALTARJeudi 25 octobre. Il a plu toute la nuit. Nous partons à 9 heures. La manoeuvre pour sortir du quai est malaisée à cause du vent, et pour dégager il faut tenir l'annexe à l'aide de son bout et la faire pivoter le long du bateau ; soudain Patrick se trouve en position très, très inconfortable: il est écartelé, sur l'arrière de CYLADEL, accroché au balcon d'une main et tenant de l'autre le bout de l'annexe, celle ci s'étant prise dans les pendilles du quai. Cruel dilemme : lâcher l'annexe et là, bonjour pour la récupérer, ou plonger à l'eau mais vu le temps ce n'est guère encourageant. Fortement alerté, Jean Pierre, tout concentré à la manoeuvre délicate de sortie, coupe les gaz, Patrick se rétablit et nous pouvons récupérer l'annexe.
Le temps est gris, pluvieux, le vent est contraire, et ça commence à secouer fort. Mais ça on le savait, pour avoir un temps correct il fallait attendre une bonne semaine. Dans le détroit, le maxi catamaran GITANA IV nous double : quelle prestance ! Apparemment ils se jouent du vent contraire et on imagine que ce soir ils auront parcouru quelques 300 miles nautiques. A peine sortis du détroit ça tape vraiment fort. Nos marins émérites et raisonnables estiment qu'on ne pourra pas décemment passer la nuit en mer. On rentre à terre, cap sur TANGER.

tanger

CYLADEL A CONTRESous ce temps, le port de TANGER est lugubre : quelques ferrys qui font la liaison avec GIBRALTAR, beaucoup de bateaux de pèche à quai amarrés à contre les uns des autres, un bateau dragueur au milieu, le port de plaisance, lui, est inaccessible à CYLADEL. Deux, trois ronds dans les eaux du port et un marin à bord d'un bateau de pêche nous fait signe de venir se mettre à contre de son chalutier. Il nous fait comprendre que c'est la fête de l'AID et que les bateaux ne sortent pas durant les trois prochains jours.
Un marocain, parlant français, prend en charge Jean Pierre et Patrick pour aller faire les formalités à la capitainerie : pas très aisé pour enjamber les 5 à 6 chalutiers amarrés à contre, avant d'accéder au quai. Un bonne heure après, nos deux compères reviennent avec un joli fanion du MAROC, nous n'en avions pas, délestés de 20 € pour bakchichs et une recommandation de la capitainerie en ce qui concerne les éventuels passagers clandestins !!!.
Sur le chalutier, notre voisin se prépare à manger et voici que d'autres gars arrivent pour manger avec lui. L'un d'eux nous interpelle et nous propose de l'embarquer, il fera la cuisine ! Il connait la FRANCE pour y avoir travaillé en saisonnier. Dans la soirée, le diésel du chalutier est démarré pour charger les batteries sans doute, une heure de bruit et d'odeur de gazole, sympa !
Au gars qui nous a accueilli nous donnons 5 € et deux canettes de coca-cola. Nous fermons le bateau de l'intérieur avant de nous coucher.
Au petit matin, un coup d'oeil sur le bateau, et nous larguons les amarres.Chalutiers

MOHAMMEDIA

Vendredi 27 octobre. Il pleut, la mer est formée, le vent est contraire, rien de changé en fait mais nous avons dormi sans être secoués. Christian se réfugie en bas dans le carré et allongé sur les banquettes, un coup celle de droite et un coup celle de gauche, selon la gite, il écoute de la musique. Bref, après l'épisode GIBRALTAR, il lui faut un nouvel amarinage. Repas succinct pour Le midi, ça secoue trop fort, le soir on essaye une soupe déshydratée chauffée dans la bouilloire, quelle idée ! Bonjour le nettoyage ensuite. Première nuit de quart. Impossible de dormir dans la cabine avant et Gégé se replie dans le carré, mettant le matelas au sol pour se caler entre les coffres et le socle de la table du carré. Au petit matin l'équipe analyse la situation, les conditions météo sont déplorables et on ne pourra pas tenir ainsi trop longtemps, l'alternative est de relier CASABLANCA. Le guide que nous avons à bord indique pour 2012 un projet de marina à CASA. CYLADEL entre dans l'avant port à 13 h. Depuis un quai, on nous indique que ici il n'y a pas de marina. Demi-tour pour rejoindre MOHAMMEDIA, distant de 10 miles.
MinaretArrivée à 15 h, il fait soleil, CYLADEL s'amarre à contre d'un voilier de nationalité Suisse, aux marins bien sympas, mais qui apparemment ont pris pas mal d'eau eux aussi car les duvets et autres literies sèchent au maigre soleil. En fait ils ont loués le bateau pour une croisière depuis le PORTUGAL jusqu'à MADERE. Jean Pierre nous prépare un bon repas car cela fait plus de 24 h que l'on n'a quasiment rien mangé. Au MAROC, on ne peut pas descendre à terre avant que la police, la douane et les services d'immigration ne viennent sur le bateau pour les formalités. Ils repartent avec nos passeports que nous devrons récupérer avant notre départ. Nous faisons un peu de lessive, vu l'expérience passée, Jean Pierre et Christian font un peu de cuisine pour les prochains jours de navigation : omelette au pommes de terre, salade de riz avec du thon, saucisse grillée. Nous faisons le plein de carburant et là c'est cocasse car aucun prix n'est affiché, un prix en dirhams nous est annoncé avec son équivalent en euros, Patrick marchande un prix plus raisonnable, bref on arrive à un compromis, mais payable en espèces évidemment ! Ce soir nous décidons d'aller diner en ville, et là, déception, un calme dans les rues réputées touristiques, tout est fermé. C'est toujours l'AID et tous les restaurants sont fermés : adieu la tajine ou le couscous que nous avions espéré déguster. On dégotte le seul resto ouvert pour les Européens avec un menu classique, vins et alcools. Désirant partir tôt demain, nous passons au poste de police de l'entrée du port, et nous demandons à faire les formalités de départ. Les fonctionnaires, au poste, sont accueillants mais ils nous font patienter un long moment et enfin arrive le responsable des papiers , en tenue décontractée, peut-être a t il été tiré du lit ? Le ton est cordial et nous récupérons nos passeports.

Samedi 28 octobre.
Chalutier Départ sous un beau soleil, une mer belle, peu de vent, mais on met un peu de voile et beaucoup de moteur. Là, c'est décidé, on part direct vers les CANARIES que l'on pourrait atteindre mardi ou mercredi. La météo prévisionnelle n'est pas du tout favorable avec du vent de face, encore et toujours ! On verra bien en route ; Le plan B c'est AGADIR.
Peu après le départ, Patrick descend dans le carré et constate une présence d'eau dans la coursive. Alerte ! Jean Pierre ouvre la porte du compartiment moteur. Panique ! l'eau a envahi le compartiment moteur. Jean Pierre stoppe le moteur, la pompe de cale est démarrée, l'eau est évacuée. La rupture, anormale, du cabochon du filtre d'eau du dessalinisateur est à l'origine de la présence d'eau dans la cale. Ceci, qui n'aurait du être qu'un incident, aurait pu être autrement dramatique si Patrick n'était pas descendu dans le carré. La grosse bêtise a été d'abord, au lever, d'inhiber l'alarme de niveau haut activée, qui prévient que l'on doit démarrer la pompe de cale, mais surtout de ne pas remarquer la lampe témoin de cette inhibition, éclairée. Un bon débriefing s'ensuit. In fine, le dessalinisateur est mis hors service, mais nous avons de la réserve.
A midi l'état de la mer nous permet de prendre un repas normal dans le carré : Christian en profite pour faire filer quelques boites de conserves.

le budget

petit oiseauChristian profite du repas tranquille pour faire un point financier. En fait le solde du budget prévisionnel (4000 € au départ, pour mémoire) avoisine les 160 €, c'est peu, tant qu'on reste en mer pas de souci, car il nous reste environ pour 1600 € de stock de nourriture dans les coffres, cales et congélateur ! Surprise des trois compères qui taquinent Christian sur le sujet. Christian explique : le gazole, les ports, le tourisme, les apéros externes, quelques produits frais et voilà 1800 € de dépensés depuis le départ de MARTIGUES. Il s'avère tout de même que nous avons trop pris de conserves, notamment des boites, dont certaines n'ont pas l'heur de plaire à tous et qui resteront donc dans les cales !

Les cannes à pêche sont mises à la traine, et là, c'est le festival : une première bonite, puis une autre et soudain, c'est la grosse pièce, ça tire vraiment, Patrick ralentit le bateau, Jean-Pierre et Gégé luttent pour remonter le poisson, Jean-Pierre tire sur le fil et Gégé enroule avec le moulinet. Le poisson est contre le bateau mais il faut le harponner pour le monter à bord, Gégé essaye, sans succès, haute lutte à l'arrière de CYLADEL, soudain le guinchou, mot typiquement martegal désignant le harpon au bout d'un manche, glisse des mains de Gégé et part à l'eau, flotte quelques instants, et malgré une vaine tentative pour le récupérer, il disparait à jamais vers le fond de l'océan. Le gros poisson lui, pendant ce temps, coupe le fil et nous perdons tout. Déception ! Patrick confectionne un autre guinchou avec la gaffe du bord. Un nouveau départ du moulinet et c'est la troisième bonite que nos deux pêcheurs remontent. Las, une inattention de Jean-Pierre et le deuxième guinchou part à l' eau et coule aussitôt. Le bilan financier s'alourdit ! Pour souper, Jean-Pierre propose des filets de bonites en papillotes avec pommes de terre et tomates, un régal !
Dépeçage

agadir

Lundi 30 octobre.
La météo se dégrade, vent de face, forte houle, CYLADEL tape dans les vagues, la navigation devient erratique et comme le dit Patrick on plante des pieux, nous tirons des bords sans trop savoir que faire. Faut-il tirer un long bord et aller au large ? ou rester près de la cote et taper dans les vagues ? Journée très pénible, à part un gars en haut pour tenir la barre, avec toute l'attention requise car il y a beaucoup de chalutiers dans les parages, nous sommes tous en bas, au sec, à lire, écouter de la musique, voire couchés pour soulager le mal de mer. Chacun prend son quart pour une nuit qui va être pénible, autant pour le marin qui est en haut, que pour les autres qui essayent en vain de dormir, dans des conditions très difficiles : bruit du bateau qui tape dans les vagues, roulis important.

Au petit matin, CYLADEL a changé de cap : direction AGADIR ! Dans la nuit, Jean-Pierre et Patrick ont craqué, et marre d'être secoués, ont décidé de relier AGADIR, distant de 80 nautiques, plutôt que LANZAROTTE, ile des CANARIES, distante elle, de 200 miles, soit à cette allure, nous aurions dû passer plus de deux jours avec une mer démontée. De fait la navigation devient plus douce avec le vent de travers et notre confort s'en ressent évidemment, malgré quelques grains traversés.

MarinaLa marina d'AGADIR, une seule place disponible en bout de ponton. Longues formalités et, comme ailleurs, nous devons attendre que police, gendarmerie et douanes montent à bord. Jean-Pierre leur offre un coca cola. Ce soir on dine en ville ! et du local ! Deux taxis (car un taxi ne peut pas prendre plus de trois personnes) et avec leur conduite très spécifique, le mot est doux, nous emmènent dans le quartier des restaurants typiques. Le resto proposé est parfait : aucun européen, mais de très belles jeunes filles ou femmes marocaines ; Patrick nous donne son avis là-dessus ! tajines au mouton pour Gégé et tajines aux boulettes avec oeufs pour les trois autres, excellentes tajines arrosées avec l'eau locale Olmes pétillante. Quand nous rentrons au bateau, il tombe des trombes d'eau. Ailleurs c'est tempête, particulièrement sur les CANARIES, apprenons-nous. Quel nez avons-nous eu de nous dérouter sur AGADIR !

Mercredi 1er Novembre.
Jour de TOUSSAINT. Grasse matinée pour certains. PlageDans la matinée, Patrick et Gégé partent en ville à la recherche d'une laverie pour faire un peu de lessive car depuis le départ cela n'a pas été possible de laver quoique ce soit, surtout pour le séchage. Notre linge sera lavé, séché, et repassé pour une somme dérisoire, taxis aller retour compris. Jean-Pierre, lui, répare le moteur du chariot de grand voile qui avait pris l'eau.
Jour de TOUSSAINT, Le port de la marina est dans un état déplorable, les eaux sont rouge/marron, les détritus végétaux, ménagers (plastiques, bouteilles, et même des préservatifs !), flottent partout. La plage, elle aussi est souillée, phénomène accentué par la marée.
L'après-midi, une visite au souk d'AGADIR, mais le vrai souk arabe et non celui présenté aux touristes, comme ont tenté de nous y mener nos deux taxis. La marina d'AGADIR est très sympathique, bordée de beaux bâtiments avec des arcades, sous lesquelles s'abritent les boutiques des plus grandes marques de prêt à porter. Sur la colline en arrière, de grandes lettres, de caractères arabes, forment trois mots qui signifient :

DIEU, LE PEUPLE, LE ROI

AGADIRAGADIR La nuit ces inscriptions sont aussi visibles car illuminées.
L'ambiance sur les pontons est bonne. Là aussi on voit des bateaux arborant les fanions de l'ARC et attendent une bonne météo pour rejoindre les CANARIES. Comme à GIBRALTAR, des enfants jouent sur les pontons, ou à bord de voiliers, familles qui prennent des années sabbatiques pour naviguer sur les océans du monde.

Jeudi 2 novembre.
AGADIR Nous voudrions partir ce jour mais l'état du port nous donne des soucis ; ne va-t-on pas boucher les circuits d'eau de refroidissement du moteur ? Déjà les aspirations des WC sont bouchées ! La météo nous offre un créneau de départ, mais sans vent. Jean Pierre et Patrick imaginent des solutions de secours, avec l'eau douce du bord, pour pallier à l'éventuel manque eau du moteur. La prise d'eau salée se trouve bien au dessous de la ligne de flottaison et donc les risques de bouchages sont moindres.
A 14 h Christian se lance dans les formalités de départ, d'abord la capitainerie de la Marina, de là, en voiture, avec un adjoint du capitaine, direction le port de commerce pour aller aux bureaux des douanes maritimes, attente dans un couloir, signature, retour, et passage au poste de police du port ; ennui du fonctionnaire qui nous annonce sa venue d'ici une heure, pas avant ! Comme à l'arrivée, les autorités doivent venir à bord pour nous rendre les passeports. Attente. A 17 h, enfin, nous larguons les amarres. Nous scrutons les eaux et Jean Pierre surveille la température de refroidissement du moteur.
GuinchouA la sortie du port une barrière de détritus qu'il faut franchir. On met les voiles et Jean Pierre arrête le moteur ; la barrière franchie le moteur est remis, CYLADEL se faufile entre les nombreux filets de pêche, Patrick, à l'avant, guide Jean Pierre ; les eaux sont toujours couleur marron et de nombreux détritus flottent encore parfois entre deux eaux. Ce n'est qu'au large que l'on va pouvoir souffler un peu. Malchance ! Ca bipe beaucoup au niveau du pilote automatique. Diagnostic rapide : plus de pilote, la pièce remplacée à CIUTADELLA est HS. Jean Pierre décide de réparer, nous avons deux pièces de rechange ! Patrick stoppe CYLADEL et bloque la barre. Jean Pierre et Gégé s'y collent, travail délicat et minutieux dans des conditions pas très confortables, dans un espace restreint et ce pendant 40 minutes. Soulagement ! on peut repartir. On se voyait mal, devoir barrer pendant un jour et demi encore avant d'arriver. Reste le problème fondamental : 2 pilotes, aucun n'est fiable. Il est impératif de trouver des solutions aux CANARIES avant de se lancer dans la traversée.
Navigation sous voiles et moteur, mer calme, vie agréable à bord de CYLADEL. Patrick occupe son temps à confectionner un guinchou de fortune.

lanzarotte

PUERTO CALERO, LANZAROTTE une des iles des CANARIES, arrivée à 4 h du matin.Bite d'amarrage

Samedi 3 novembre. un petit bilan des problèmes :

  • le pilote automatique normal en panne.
  • le pilote automatique secours avec un problème technique.
  • l'enrouleur de génois donne des signes de faiblesse.
  • l'enrouleur de grand voile HS.
  • L'alternateur d'hélice HS.
Jean Pierre et Patrick vont faire une reconnaissance sur le port en repérage des ressources en atelier de mécanique. Le port semble bien équipé pour faire des réparations mais on y verra plus clair lundi.
Ici, nous retrouvons avec plaisir un peu de chaleur et le soleil que nous espérions, au départ, trouver dès GIBRALTAR. le moral revient, on va tout remettre d'aplomb. Nous avons internet, nous avons du temps pour prendre connaissance de nos mails et envoyer quelques photos. Gégé, lui est inquiet, des problèmes gastriques, des douleurs au ventre, tout est évoqué, mais après consultation par téléphone avec sa compagne, le diagnostic est le suivant : diverticules, en conséquence plus de légumes frais ni de fruits. Gégé va tenir ce régime sans faiblir.
Sous marin jaune

La Marina de PUERTO CALERO est très agréable, bien tenue, et cerise sur le gâteau, les bittes d'amarrage, sur les quais sont en bronze, bien lustrées. Aux pontons, des voiliers dont certains sont luxueux, des bateaux à moteurs tout aussi luxueux, petits yatchs et bateaux de pêche au gros, hérissés de cannes à pêche. Beaucoup de ces unités sont probablement en hivernage, car sur les pontons, l'animation est feutrée et calme. Nous sommes loin de l'animation des pontons d'AGADIR ou de GIBRALTAR. A terre, des boutiques de luxe avec les plus grandes marques, de grands hôtels, et des belles maisons face à la mer. Par contre la saison semble plutôt creuse, vu le peu d'animation sur les quais. Ca s'anime un petit peu lorsque le sous marin jaune et le maxi catamaran embarquent les touristes déversés par les bus et sitôt rembarqués après un petit shopping sur les quais.

Parc national de TIMANFAYA

Dimanche 4 novembre
Timanfaya Jean-Pierre réserve un véhicule de location, et nous voilà partis visiter LANZAROTTE. LANZAROTTE est une ile volcanique. Le parc national de TIMANFAYA abrite près de 300 volcans. A son approche, le paysage devient lunaire, des étendues de lave, déchiquetée, sans aucune végétation. La région dite Las Montanas del fuego, est formée de débris volcaniques, avec en point haut le volcan ISLOTE de HILARIO, toujours en activité. Nous accédons au site, un vaste bâtiment, sombre, abrite un restaurant et une boutique, le tout bien intégré, placé en haut d'un ancien volcan. Et, comme attraction, un puits dans la roche, dégage une chaleur intense (une grille posée dessus et c'est un efficace barbecue !), des fissures dans le sol, dans lesquelles de la paille déposée s'auto enflamme, d'autres fissures surmontées d'entonnoirs dans lesquels de l'eau est déposée, provoquant de brusques geysers. Un circuit, en bus, serpente dans ce paysage et nous fait découvrir ces cratères de volcans, des strates de lave déchiquetées, une maigre végétation faite de lichens sur la roche et dans quelques rares coins sableux quelques arbustes plutôt rachitiques.

Nous quatreNous filons vers le nord de l'ile. Les rares cultures sont particulières : des murets construits avec ces pierres volcaniques abritent des petites surfaces de terre dans lesquelles essayent de pousser de la vigne et quelques légumes.
A midi, nous décidons de diner dans le petit village de HARIA. Un menu avec du chevreau grillé aux pommes de terre canariennes, et un serveur parlant français (un niçois établi ici depuis 25 ans), emportent notre choix. Le tout est arrosé de vin rosé canarien.
Pointe nord de l'ile, le MIRADOR del RIO, un site aménagé, donc payant. Une vue époustouflante, depuis ce promontoire, à 360° vers l'océan, les rivages et les autres iles. Retour vers ARRECIFE toujours dans ce paysage volcanique, terne, heureusement agrémenté par les taches blanches des villages. Jean Pierre, Patrick et Gégé prennent un bain sur une plage d'ARRECIFE, puis nous rentrons au bateau.Mirador des rio

attente réparations

Lundi 5 novembre
Jean Michel, encore un français, est le personnage clé, sur la marina, pour soigner tous les bobos mécaniques des voiliers en partance pour une transat. Immanquable, il prend en charge nos problèmes ; évidemment aucun délai n'est annoncé, ni aucun coût prévisionnel. Et pour nous faire patienter, il argue du fait que les Alizés ne sont pas établis, qu'il est prématuré de se lancer vers l'ouest, et que certains voiliers, trop tôt partis ont parfois dû rebrousser chemin ou se réfugier au Cap Vert. Tout ça nous casse un peu le moral.
AMEL est représenté sur l'ile par un français, encore un, auprès du quel Jean Pierre récupère une pièce commandée depuis GIBRALTAR, il s'agit du réducteur pour l'enrouleur de grand voile. La réparation est faite et les essais sont concluants. Bien ! Manoeuvrer la grand voile depuis le pied de mat n'était pas une sinécure, surtout par forte mer. Patrick et gégé s'en sont plusieurs fois chargés.
Haie fleurie Pour l'enrouleur de génois qui manoeuvre très difficilement, c'est plus délicat. Déposer l'étai pour accéder au mécanisme n'est pas envisageable ici. Patrick, hissé avec la chaise, va contrôler en haut du mat si rien ne cloche. Après moultes injections de WD 40, un lubrifiant, et d'innombrables manipulations, le mécanisme s'adoucit et on récupère un fonctionnement quasi normal de cet équipement. Pareillement à la manoeuvre de la grand voile, la manoeuvre d'enroulement du génois n'est pas envisageable depuis le pont à l'avant ; nos voileux étudient une solution palliative pour manœuvrer le génois en cas de panne de l'enrouleur. Compte tenu des ennuis récurrents sur le pilote automatique de secours, nous avons le souci de remettre en état le pilote automatique normal, qui était tombé en panne à la suite du pilote de secours, dès le 1er jour. En fait il s'agissait de reétalonner un retour de position du pilote. Ce qui fut fait grâce à la compétence en ce domaine de Gégé et Patrick. 19 h. Après cette journée de bricolage, nous décidons d'aller boire un Mojito sur les quais. Celui-ci ne nous laissera pas un souvenir impérissable, mais nous avons pu disserter sur les aspects positifs et négatifs de notre blonde serveuse.

Mardi 6 novembre.
Ballade sur un sentier côtier. Les vues sur l'océan sont magnifiques. Christian pousse jusqu'à Puerto Carmen, une anse, un petit port de pêche, le village est bâti en gradins autour du port, des maisons toutes blanches, basses.
Puerto Calero

Mercredi 7 novembre
Matinée d'espoir, va-t-on nous livrer les pièces en réparation ? Ballade sur les quais à suivre les diverses animations des bateaux qui partent et arrivent, les allées venues du sous marin jaune et autres promène-touristes. Après midi sans entrain, à s'occuper sur CYLADEL ou à surfer sur internet. L'attente est longue.

Jeudi 8 novembre.
En début de matinée Jean Michel nous livre l'alternateur, puis un peu plus tard la pièce du pilote. Remontages, formalités et nous voilà à larguer les amarres.
Nous sommes restés 6 jours à Puerto Calero. Le passage aux iles du Cap vert, prévu initialement, est abandonné. Nous décidons d'abréger la visite des autres iles des CANARIES, de faire étape ce soir, puis de se lancer dans la traversée. Patrick, Gégé et Jean Pierre se penchent sur les cartes, les bulletins météos de ces prochains jours sont épluchés. LannzarotteLe vent de sud ouest/ouest serait favorable pour atteindre un point G déterminé sur la carte à partir d'informations relevées sur différents guides maritimes. A ce point, normalement nous devrions trouver les alizés qui vont nous amener au nouveau monde sans souffrances !!!. 2800 miles environ pour traverser l'Atlantique des CANARIES aux ANTILLES. A la voile évidemment, car si le moteur nous a permis de bien avancer jusqu'aux CANARIES, nous n'aurions pas assez d'autonomie pour traverser. A la vitesse de 5 noeuds il nous faudrait 24 jours environs, ce qui nous ferait arriver début décembre et là, ça coince, pour Patrick qui a son avion le 4 décembre, et un peu moins pour Jean-Pierre et Christian dont les épouses les rejoignent le 4 décembre au MARIN en MARTINIQUE. Evidemment nous souhaitons plutôt une allure de 7 à 8 noeuds.
Navigation sous voiles et à 17 h nous regagnons le port de Puerto Castillo sur l'ile de FUERTEVENTURA.

Puerto castillo

Puerto CastilloNous nous amarrons en bout de ponton avec le souci du marnage, nous ne connaissons pas l'amplitude des marées. Un gars sur le quai nous rassure, ou du moins croit-on comprendre cela. Le port est très calme, peu d'animation. Nous partons en reconnaissance, entrons dans un local, à priori capitainerie, mais désert, une porte fermée donne sur les quais. Problème si on sort, il faut une carte magnétique pour entrer. Patrick entend des bruits saugrenus derrière des bardages dans le port, et constate qu'il y a un bassin ou s'ébattent des otaries ! Bizarre. Nous verrons demain.
Apéro Gin fizz sur CYLADEL.

Vendredi 9 novembre
Au matin, nous allons à la capitainerie pour les formalités. le capitaine est arrangeant, tarif réduit mais en espèces, le tout bon enfant. Et nous avons notre passe. En fait, attenant au port, il y a un mini parc attractif avec bateau pirate et bain avec les otaries, et nous verrons le capitaine faire l'animateur de ce parc.
Nous décidons de repartir dans l'après midi. Auparavant nous allons faire les courses nécessaires, notamment des produits frais et quelques boissons pour les 20 jours de traversée prévus.Coucher de soleil Ceci nous donne l'occasion de découvrir Puerto Castello, station balnéaire, avec une immense plage de sable, des immeubles et des hôtels en front de mer. Animation calme en cette saison. Beaucoup d'Allemands, quelques Français. Nous accélérons notre départ car dans l'entrée du port, un voilier, un AMEL, lui aussi, fait des ronds dans l'eau attendant que nous libérions notre place au ponton.
Nous voilà parti pour la traversée. Un petit vent agréable nous pousse. Durant quelques heures nous longeons les cotes de FUERTEVENTURA. Le signal GSM est toujours présent et nous lançons tous, nos au revoir à nos proches et amis avec nos portables individuels. A partir de maintenant nous n'aurons plus que le mail commun et le téléphone IRIDIUM pour communiquer.
Jean Pierre met en place le système de rotation de quart, applicable à partir de demain 12 h. Pour cette nuit on s'arrange. Une belle soirée de navigation. Un beau coucher de soleil nous est offert, avec en fond la terre que l'on quitte.